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Le management situationnel au service de l’autonomie et de la compétence au sein d’organisation socio-éducatives

Depuis quelques siècles et décennies, la politique européenne, l’économie d’entreprise et l’informatique ont subi des changements profonds dans leur gouvernance, en déléguant un plus grand pouvoir de décision et d’action aux subalternes. Le système pédagogique de l’instruction publique est en pleine mutation dans les liens aux savoirs et les relations entre enseignants et élèves. Qu’en est-il des organisations socio-éducatives ? Est-ce qu’une gestion purement patriarcale suffit ? Très clairement, non ! Il n’est plus possible de privilégier une gouvernance qui se satisfasse d’une direction purement autoritaire. Il doit faire appel à d’autres stratégies dites persuasives, participatives voire délégatives, même si certaines situations demandent des décisions directives.

Keneth Blanchard et Paul Hersey sont deux auteurs américains du XXe siècle qui doivent leur renommée à de nombreuses recherches sur les questions de management. Ils ont développé un modèle appelé le Management Situationnel qui encourage le leader à adapter son style de management à la maturité du collaborateur ou du groupe. Pour ce faire, ils ont défini une typologie de quatre styles de gouvernance : le style directif, persuasif, participatif et délégatif. Plus précisément, ils préconisent d’adapter le style de management au degré d’autonomie des collaborateurs, selon leurs compétences et leurs motivations. Pour compléter le tableau, cette étude prend en compte également les dynamiques de changements présentes dans une organisation. Les recherches de Richard Soparnot décrivent plusieurs types des résistances et proposent des stratégies pour les influer vers des coopérations efficientes.

Différents éléments ont fait l’objet d’études approfondies par le Dr Éric Berne et par Elliot M. Fox. Basée sur l’approche psychothérapeutique de l’Analyse Transactionnelle, la Théorie des Organisations de Berne reprend les éléments psycho-dynamiques des relations interpersonnelles pour expliciter le fonctionnement d’une entreprise. Le leader a pour responsabilité de faire dialoguer les attentes externes (Top Down) avec la gestion de la structure interne et les ressources humaines (Bottom Up). Pour cela, il lui est conféré une autorité sur le groupe, il gère les membres du groupe et il définit des règles et des procédures (les canons). Il veille à l’élaboration d’une culture commune et participe à l’existence d’un contrat social, nécessaire pour influer l’écart entre le travail réel et le travail prescrit. Le changement planifié et le changement émergent sont deux énergies à faire coexister au sein de l’entreprise dans un espace de dialogue qui implique le personnel (le constructivisme). Ils ont également étudié les processus d’adaptation entre les membres du groupe. Le génie de cette approche est de considérer les individus et les liens entre les collaborateurs, la hiérarchie et l’organisation comme des ressources humaines essentielles pour être performant, créatif et motivé.

Mes recherches dans le cadre d’un Master en management et ma pratique de direction durant de nombreuses années m’ont permis d’élaborer un outil diagnostic capable de déterminer le style de gouvernance de l’organisation, les types de résistance au changement et, surtout, les stratégies pour accompagner le changement. En parallèle de ces conduites de changement, l’implication des collaboratrices et collaborateurs dans la construction stratégique, pédagogique et structurelle de l’organisation est essentielle pour développer des structures réactives, agiles et créatives face aux mutations psychosociales et aux besoins toujours plus complexes des bénéficiaires et des employé.es. D’autre part, la gestion du changement est à considérer comme un processus normal qui fait partie intégrante du travail de gestion d’une organisation. Enfin, le fait d’adapter son style de direction à l’autonomie des collaborateurs et aux types de résistance permet de se centrer sur les besoins des employés tout en maintenant les exigences de l’environnement.

Olivier Mottier Rte du Simplon 66 1957 Ardon (Suisse) +41 (0) 76 570 93 49 o.mottier@byocare.ch